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- La culture sahraouie IV -
Danse et Costumes traditionnels
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LA DANSE DE GUEDRA
1 - Une danse rituelle et transandantale
sans possession ni exhorcisme.
Cette danse de transe est propre aux Sahraouis appellés aussi "hommes bleus" de par la couleur indigo utilisée pour
teindre les vêtements et qui pigmente leur peau.
Le but du rituel est de servir de bénédiction lors des cérémonies de mariage, mais aussi pour la communauté, les amis
ou pour soumettre l'individu
à Dieu.
Le ou les danseurs appellés également Guedra vont, par l'intermédiare de leurs mains et de leurs doigts, transmettrent
des profondeurs de leur âme une énergie positive faite de paix et d'amour spirituel (mais non charnel).
Il est dit aussi que le rythme mystique du Guedra a la vertu d'attirer un compagnon situé à des kilomètres de distance !
Le caractère de la danse est donc tout à fait ésotérique !
Cette pratique est cependant très différente des transes pratiquées lors de cérémonies d'exorcisme comme par exemple
lors de la "lila Gnaoua".
2 - Des mouvements chargés de symboles.
En général, la danse est exécutée par une femme entourées par un cercle des personnes.
Le danseur est à genoux et un voile noir, le HAIK, le recouvre complétement.
Seules les mains, symbolisant la lumière, émergent de cette "masse" qui symbolise la nuit, le chaos, ou l'énergie cosmique.
Les mains virevoltent et se déplacent dans les quatres directions qui représentent les éléments et le temps.
Le ciel vers le haut, la terre vers le bas, le vent d'un coté et l'eau de l'autre; le temps passé vers l'abdomen,
le présent sur les cotés et le futur vers l'avant.
Les index restent pointés car ils sont l'émanation même de l'essence de l'âme.
Contrairement à nos coutumes, quand un Sahraoui souhaite traduire la profondeur de ses affections ou émotions,
il l'exprime en disant "vous êtes dans mon foie" et non pas "vous êtes dans mon coeur".
En indiquant son abdomen, pas nécessairement l'endroit anatomiquement correct, le Guedra souligne la profondeur et
la sincerité de sa bénédiction.
De même, nos traditions veulent que le troisième doigt, l'annulaire de la main gauche, soit l'émanation du coeur et porte
l'anneaux du mariage.
Pour les hommes bleus le deuxième doigt, l'index, est la ligne directe à l'âme, et à la puissance de transmettre
des bénédictions ou des malédictions.
Ainsi le danseur extériorise des parcelles de son énergie intérieure et les destine à un individu, actuel ou pas,
un groupe ou au monde entier.
"La masse noire" se déplace au rythme et s'agite, représentant l'exaltation d'un univers organisé.
Les mouvements des mains expriment toutes les émotions : la beauté, la passion, la joie, le drame et la douleur.
Le haut du corps oscille, ondule, se penche en avant et sur les cotés alors que la tête est animée de mouvements lents
et rythmés, latéraux conjugués à des ascention du menton vers le de haut.
A terme, le Guedra enlève le haik, découvrant son visage et focalise alors son regard sur "l'objet" destinataire
de sa bénédiction.
Le tempo du tambour et la respirations du danseur s'intensifient et, encouragé par la frénésie qui a également gagnée
les spectateurs, le danseur "jette" toute son énergie dans l'exécution du rituel jusqu'à l'éfondrement soudain.
Alors, le silence se fait jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits et soit remplacée par un autre danseur.
Cet état peut induire un état hypnotique, bien que ce ne soit pas le but initial.
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LES COSTUMES TRADITIONNELS
Si l'habit traditionnel des "hommes bleus" est bien connus, celui des femmes l'est beaucoup moins, mais il est un élément essentiel à
l'accomplissement de la danse de Guedra.
A - Sarouel, Jabador et Cheiche pour les hommes
1 - Le SAROUEL est en général composé :
- d'un pantalon bouffant au fond très bas,
pouvant se situer au niveau des jambes.
Il est très adapté au positions de vie accroupie,
à genoux ou assis en tailleur.
Qui n'a pas essayé un jour ce type de pantalon
ne peut pas connaître l'aisance qu'il procure !
- Le tissu, bleu ou blanc uni, comporte souvent
des motifs tissés représentant des emblèmes
issus de la Mauritanie, de la zone marocaine du
Sahara Occidental et du Mali : étoiles,
croissants…
Le tout est en général richement décoré avec
des broderies or ou argent caractéristiques.
2 - Par dessus le Sarouel est enfilée le JABADOR ou DERÂA, GANDOURA ample, longue et ouverte sur les côtés.
Le tissu est semblable à celui du Sarouel et de couleur identique.
3 - La coiffure est incontournable, faite du fameux CHEICHE ou FEROUAL, noir, indigo ou blanc, mais toujours de couleur tranchée
par rapport au vêtements. Une faute de goût consisterait de mettre un Cheiche blanc avec une Gandoura de la même couleur.
La couleur indigo des cheiches a contribuée très largement au mythe des " hommes bleus " car la teinte non fixée colorait
et pigmentait la peau du visage.
B - Izar, Melhfa, maquillage, hénné, parures et bijoux pour les femmes.
1 - La tenue vestimentaire des femmes est constituée de deux parties essentielles :
- L'IZAR, grande pièce de tissu, en général de
couleur bleue ou blanche unie mais dont le
tissage réalise des motifs identiques à ceux
présents sur les Sarouel et Gandoura.
Enroulé autour de la taille il constitue une
grande jupe et est tenu par une large ceinture
de tissu rouge et brodé d'or appelée LHZAM.
- LA MELHFA NILA, Melhfa de cérémonie, grand
drapé noir qui sert à envelopper toute la partie
supérieure du corps, les bras, les mains et la
tête, servant ainsi de voile pour le visage.
2 - Pour surélever la Melhfa, la femme fixe sur sa tête un petit coussin rectangulaire, fait de fils et de crin tressés,
appelé BOUF.
3 - Les femmes revêtent aussi différentes parures :
- La parure de tête est constituée d'un cerclage
circulaire fait de fils noirs et de crins et
richement décoré sur la partie frontale de
pierreries colorées, coquillages et autres
éléments comme des piéces de monnaie en
argent.
Sur les cotés et à l'arriére tombent de longues
tresses réalisées avec les mêmes éléments.
- le TSBIH, grand collier de poitrine fait lui
aussi de perle colorées et de fils tissés noirs.
- de gros bracelets d'argent ou de bronze
ornent les poignets.
4 - Pour les fêtes et les cérémonies, les mains et même les pieds sont richement décorées au Henné.
Ce rituel pratiqué dans tout le moyen orient demande beaucoup de patience : 6 heures sont nécessaires
avant de pouvoir retrouver l'usage de ses mains !
5 - Le maquillage des yeux est réalisé avec le KOHL, poudre de pigment noir obtenu à partir d'antimoine pilée.
Le kohl peut également être utilisé par les hommes.
Les lèvres sont teintées de rouge très foncé à l'aide du MESOIK, extrait de l'écorce d'un arbre du désert.
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La danse de Guedra est un rituel ancestral.
C'est une danse de bénédiction destinée aux mariés, aux amis ou tout simplement au monde.
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Coutume traditionnelle
motifs décoratifs réalisé avec le hénné
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Costume traditionnel
La Melhfa est la grande piece drapée noir du haut
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Costume traditionnel
L' IZAR est la grande jupe du bas
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LHMAM
La ceinture
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La parure de tête
Crins, perles et coquillages
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Réalisation et conception :
Pierre-Olivier Nicod : programmation, interface, charte graphique et bannière
Guy Nicod : graphismes, textes, cartes, photos et enregistrement audio.
Tout droits réservés
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