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Les identités ethniques et tribales de la vallée du Drâa

Le peuple sahraoui est composé de plusieurs ethnies d'origine arabe et sub-saharienne.
Pour comprendre la situation actuelle de cette région pré-saharienne qu'est la vallée du Drâa moyen, il faut faire appel au passé. Cependant, rares sont les sources, tant bibliographiques que manuscrites et si les versions orales abondent, elles sont confuses, contradictoires et incapables de dater les faits qu'elles relatent.
A - La vallée du Drâa moyen jusqu'au XIe siècle

Les plus anciennes sources historiques seraient des manuscrits hébreux datant du XIIe siècle de notre ère. D'après ces manuscrits, le Drâa, était peuplé jusqu'au Ve siècle, par des "Ethiopiens de l'ouest" appelés KOUICHITES. Cette population sédentaire noire s'adonnait à la culture et formait un royaume dont la capitale aurait été située à Jebel Zagora.
Toujours d'après le même document, des juifs arrivés de l'est se seraient installés à Tidri dans le coude du Drâa et auraient fondé ensuite leur capitale à Tamgroute/ Tazroute dans le Fezouata. Dans leur progression vers le nord, ces juifs se seraient heurtés aux KOUICHITES mais seraient demeurés assez puissants jusqu'à l'arrivée des arabes au milieu du XIe siècle. Vers l'an 1000, les MORABITINES arrivés du Soudan avec le Sultan LAKHAL auraient colonisé une partie de la vallée du Drâa moyen de Zagora à M'hamid.

Les KOUICHITES, seraient les ancêtres de la population noire actuelle les HARRATINES.
Mais selon d'autres hypothèses, ceux-ci seraient les descendants d'esclaves amenés d'Ethiopie et du Soudan au XVe et XVIe siècle et utilisés comme ouvriers agricoles.

B - L'islamisation du Drâa et l'arrivée des arabes au XIe siècle.

Les premiers musulmans seraient arrivés dans le Drâa non en conquérants mais par petits groupes pacifiques venant du Tafilelt. Vers l'an 1000, les MORABITINES arrivés du Soudan avec le Sultan LAKHAL auraient colonisés une partie de la vallée du Drâa moyen de Zagora à M'hamid.

L'islamisation massive commence réellement vers 1053 - 1054, avec l'arrivée des ALMORAVIDES appelés les " Moulathamouns, les voilés". Alors que leur sultan, Youssef ben Tachefin, continuait sa conquête du Nord et de l'Espagne, Abou Bakr ben Omar gardait le commandement du Sahara avec le Tafilalet et le Drâa.

    Les ALMORAVIDES ont laissé entre autres descendants :
  • 1 les M'RABTINE rattachés à la confédération nomade bédouine des AARIB.
  • 2 les MSOUFFA qui s'intégrèrent par la suite à la confédération berbère des AIT ATTA
Le Drâa est alors rattaché pour la première fois au Maroc mais retrouvera son autonomie à plusieurs reprises, en servant de refuge et de foyer de révoltes aux dissidents, sous le règne des dynasties suivantes, ALMOHADE et MERINIDE.

Sous les MERINIDES commence pour le Drâa et les provinces sahariennes une époque de ravages.
Venues de la Tunisie par la bordure septentrionale du Sahara, les tribus arabes MAÂQUIL BENI HSIN s'emparèrent du Drâa en 1255 et imposèrent partout leur domination jusqu'au milieu du XIVe siècle.
Echappant souvent à l'autorité du pouvoir central (le Makhzen), les MAÂQUIL désagrégèrent profondément le pays, tant au point de vue économique que politique, entraînant la ruine de la vie sédentaire et paysanne.
Reprenant ensuite leur progression vers le nord, ils laissèrent des descendants comme les ROHA, les OULAD YAHIA et les OULAD MALEK, et surtout leur langue, l'Arabe.

Les Berbères ZNAGA évincés de la région par les premiers MAÂQUILS revinrent alors et au cours du XVe siècle, le pays semble avoir été sous l'emprise de luttes entre les Arabes et les Berbères.

Si l'on en juge par les nombreux personnages religieux et les nombreuses " zaouias " datant de cette époque, le Drâa a sans doute très largement participé aux mouvements maraboutistes et à la lutte contre les Portugais installés sur les côtes.

C - La dynastie Saâdienne et l'essor économique du XVIe siècle.

A la moitié du XVIe siècle, sous le règne d'Ahmed El Mansour Ed Dahbi (1578- 1603), la dynastie SAÂDIENNE, dont le berceau se trouve à Tagmadderte entre Zagora et Tamegroute, était à son apogée.
Pour des raisons économiques (expansion du commerce avec l'Europe et besoin impérieux en or) et/ou politiques (en 1545 les Touaregs Oulmîden sous les ordres d'Ishaq 1er, roi du Soudan s'étaient emparés de la palmeraie de Ktaoua) le Sultan El Mansour décida d'entreprendre avec succès la conquête du Soudan (1590).
Après les opérations militaires le commerce caravanier avec le Soudan s'intensifie. Le Drâa devient alors une plaque tournante, point de départ et d'aboutissement des caravanes qui transportent or et esclaves.
Dans la palmeraie de M'hamid, entre qsar Bounou et qsar Talha, se trouve encore les ruines du qsar El Alouj qui serait un ancien "poste de douane" où arrivait l'or en poudre. Là, on frappait également la monnaie, avant de l'envoyer à Marrakech.

A la fin du 16ème siècle, la population du Drâa formait alors un conglomérat ethnique composé, de Noirs, de Berbères, d'Arabes et de Juifs.

D -. La domination des grandes confédérations nomades
et l'évolution de l'organisation sociale de la population sédentaire en Qsour, du XVIIe au début du XXe siècle.

Avec la décadence de la dynastie Saâdienne notamment à la mort du sultan en 1603, le pays retombe dans l'anarchie, entraînant le déclin du commerce caravanier.

Au 17ème siècle, la nouvelle dynastie ALAOUITE a du mal, à faire reconnaître son autorité dans le Sud. Le Drâa ne tarde pas à échapper au contrôle du pouvoir central pour tomber sous celui des grandes confédérations de tribus, constituées durant le XVIe et XVIIe siècle.
Des luttes incessantes opposent alors les différentes tribus nomades pour la domination des populations sédentaires.

Jusqu'au début du XXe siècle, des alliances et groupements politiques extrêmement complexes voient le jour et les écrits et les traditions orales ne suffisent pas totalement à la compréhension de cette période de l'histoire de la vallée.

Durant ces derniers siècles, la constitution de groupements géographiques, les QSOUR, a contribué à l'intégration des anciens conquérants à la masse des autochtones. Le lien de parenté (réel ou fictif) qui constitue l'élément déterminant dans les groupes humains - on appartient à telle tribu ou à telle fraction de tribu - fait place alors au lien de voisinage dans des groupements de base.
Exposés à la convoitise des groupes restés nomades ces Qsour placés sous l'autorité d'un chef, le CAID, pactisaient avec les uns pour être protégé des autres.
Chaque tribu ou fraction de tribu nomade s'engageait à assurer la protection d'un ou plusieurs Qsour, garantissant aux sédentaires la sécurité nécessaire à la vie agricole, en contre partie d'une portion du territoire qui leur était cédé.
Cependant les nomades ne cessaient d'augmenter leurs exigences à l'égard de leurs protégés et tentaient également d'étendre leur protection aux qsour restés indépendants.

Aux conflits sédentaires / nomades se juxtaposaient des rivalités entre les différents protecteurs et l'évolution sociale de la vallée fut étroitement liée à ces conflits et rivalités.
La pénétration des Glaoua au début du siècle (1918-19) dans la partie supérieure de la vallée ralentit la progression de la domination des qsour par les nomades. Plus tard, dans les années 1930, la colonisation s'installe difficilement dans la région et gèle ce processus. Le Drâa rentre alors dans une évolution marquée par l'intégration et la sédentarisation des nomades et par l'effritement des structures sociales héritées.
E - L'organisation sociale contemporaine

A partir des années 1930, des conditions de sécurité règnent progressivement dans la région. Aussi les protecteurs n'ont-ils plus de raison d'exister en tant que tels et ont été peu à peu absorbés par la masse des sédentaires.
Mais le processus d'intégration n'exclu pas le phénomène de segmentation et de stratification hiérarchique.
Aujourd'hui encore, il suffit d'observer de près la société du Drâa pour voir resurgir, au moins dans le discours, les expressions de prestiges anciens, reflets de l'ancienne segmentation de la population en divers groupes humains, ethniques ou sociaux.

Contraints de coexister dans un espace géographique restreint, le QSAR, ces groupes se sont organisés en plusieurs quartiers, chacun abritant des éléments ayant des liens de parenté, de consanguinité ou ayant un même statut social.
Ainsi s'est maintenu le prestige politique d'anciens protecteurs, tout comme s'est perpétué le prestige moral des "familles religieuses".

Outre la règle d'endogamie et autres pratiques sociales, la stratification de la société musulmane impliquait une véritable hiérarchisation du travail : aux IHARDAN le travail de la terre et les activités artisanales, aux IMAZIGHEN l'élevage, activité considérée comme noble, ainsi que la politique et la guerre, enfin aux M'RATINE, descendants des familles maraboutiques, l'activité religieuse, l'écriture, la diffusion de la loi coranique et la légitimation des décisions politiques prises, en principe, par les laïques.

Les institutions politiques s'efforcent actuellement de faire prévaloir le principe d'égalité entre tous ces éléments. Mais officiellement cet ordre social n'a jamais été remis en question. G. SPILLMANN écrit à ce sujet : "Au cours d'une reconnaissance au Tinzouline, en juin 1931, les AHL TELT, draoua du Ternata, se présentent à R'bat (Tinzouline) demandant à être libérés de la tutelle des AIT OUNIR. C'est alors tout le problème de la protection des Draoua par les AIT ATTA qui se trouve ainsi posé de façon fort insidieuse et embarrassante. Il est répondu aux AHL TELT que le Makhzen (chef représentant politique) n'a nullement l'intention de modifier la situation de fait existante dans la vallée du Dra avant son arrivée, car il est bien décidé à tenir ses promesses à l'égard des AIT ATTA, protecteurs berbères ralliés."


1 - Les "familles religieuses"

Les deux principales sont :
  • Les CHORFA, composés de membres descendants ou prétendants descendre, de la famille du prophète.
  • Les M'RATINE, descendants des ALMORAVIDES et appartenant aux familles maraboutiques, descendant des saints.
Situés au sommet de la hiérarchie sociale, ses éléments étaient respectés en général pour leur prestige moral par les autres groupes de la société mais entraient cependant sous la protection des nomades comme le reste des sédentaires.

Ces " familles religieuses " étaient amenées à faire la médiation dans certains conflits et litiges, sans toutefois s'être exclues de la course au pouvoir politique ni de la compétition sur les ressources. Leur prestige moral leur a souvent valu un pouvoir économique, comme en témoignent encore aujourd'hui les grandes propriétés foncières de certaines familles ou de certaines zaouias.


2 - Les anciens protecteurs

Dits également IMAZIGHREN ou HRAR, ce groupe comprend des Arabes et des Berbères, le plus souvent d'origine nomade. Mais la plupart d'entre eux se sont actuellement sédentarisés, généralement dans les régions qu'ils protégeaient.

Ainsi nous trouvons des AARIB et des AIT ATTA dans les palmeraies de Ktaoua et de M'hamid, des ROHA, OULAD YAHIA, AIT ATTA dans les palmeraies de Fezouata, Ternata, Tinzouline et des AIT SEDDRATE dans la partie inférieure de Mezguita.


3 - Les HARATINE

Ils sont également appelés draoua, singulier draoui. Ce nom ayant plutôt une connotation géographique - draoui: habitant du Drâa -, est employé localement parce qu'il n'évoque pas l'idée de couleur à l'inverse des mots hartani ou ahardan.

Les HARATINE, noirs "originaires" de la vallée descendant des KOUICHITES ou des anciens esclaves "importés" d'Ethiopie ou du Soudan, représentent le vieux fond sédentaire. Longtemps au service des autres groupes, ils forment encore aujourd'hui la majeure partie de la population déshéritée, contrainte au travail de la terre ou à l'émigration.


4 - Les JUIFS

Disparus actuellement de la vallée, notamment après leur émigration massive en Palestine dans les années 1950- 1960, ils étaient également sous la protection des nomades. Ils constituaient une minorité religieuse, mais également une couche sociale "déprimée" qui avait tendance à se spécialiser dans certaines activités comme le commerce et l'artisanat... Leur situation dans la hiérarchie sociale restait ambiguë. Situés au bas de l'échelle, ils étaient également mis à part, comme exclus, de la hiérarchie "traditionnelle" qui distingue les couches sociales musulmanes".


F - Le statut social des femmes

Une disparité importante existe entre le statut de l'homme et de la femme.
La femme de la vallée du Drâa est le plus souvent absente ou plutôt exclue de la vie publique, des souks et parfois même des mosquées notamment dans les villages. Frappée par le chômage, l'analphabétisme et la mortalité maternelle, sa situation est plus que précaire. Sa participation au développement est limitée, sa scolarisation faible, sa santé reproductive ignorée, son droit à l'information et à l'accès aux services de soins négligé, sans oublier bien entendu sa pauvreté et sa marginalisation économique.

Les coutumes et traditions contribuent à entretenir cette situation : proverbes, jeux, contes mais aussi un code précis des comportements, sont imposés strictement aux femmes. Leur violation soumet la contrevenante à des punitions sévères. Les hommes et surtout les grands-mères et les femmes âgées veillent à l'application et la pérennisation de ce statut.

a - Le statut familial et matrimonial

Le célibat, le divorce, le veuvage et la stérilité sont considérés comme des phénomènes anormaux mal perçus par la société locale et mettent les catégories de femmes concernées sous une pression sociale énorme; ce qui pousse une partie des femmes à recourir aux marabouts et aux saints locaux.

Les femmes sont mariées d'une façon arrangée et avalisée par les parents ou le tuteur et souvent privées de leur héritage. En principe la femme peut accéder à la propriété par héritage mais elle renonce souvent à son droit, soit volontairement soit par peur. Dans le cas même où elle possède des biens fonciers, leur gestion est assurée par le mari, le frère, le fils voir le cousin.

Les veuves et divorcées constituent 9% de la population contre 0,5% seulement pour les hommes. Le poids des coutumes locales fait que le remariage d'une femme divorcée ou veuve est très difficile. Elles doivent vivre avec ce nouveau statut peu respecté par la société traditionnelle, élever et assurer la subsistance de leurs enfants mais aussi retourner sous le toit de la maison paternelle pour vivre une vie de domestiques.
Mal traitées, soupçonnées, leur situation devient pire encore en cas de disparition des parents : la vie en compagnie des frères et de leurs femmes constitue une nouvelle tragédie.


b - Le statut social

Les femmes en déplacement sont accompagnées forcément par des hommes et utilisent généralement des circuits discrets. L'organisation des maisons est réalisée de façon à soustraire les femmes aux regards des éléments étrangers en réservant des espaces féminins caractérisés dans l'ensemble, par l'étroitesse de leur dimension et la modestie de leur équipement.

Les fêtes, les cérémonies, les moussems constituent des occasions exceptionnelles où les femmes disposent de plus de liberté et possèdent plus de temps pour se rencontrer et parler de leurs préoccupations.
De nouveaux espaces de rencontre sont crées ou sont exploités comme lieu de rencontre des femmes notamment les fontaines publiques, les dispensaires, les centres d'alphabétisation, les clubs des femmes etc.
La scolarisation et surtout l'introduction récente de la télévision a permis aux femmes de prendre contact d'une manière permanente avec le monde extérieur.

L'institutrice, l'infirmière, l'émigrée… représentent aussi des porteuses de nouveaux styles de vie.


c - L'analphabétisation et le chômage

88,7% des femmes de la vallée du Drâa moyen sont analphabètes, soit 41 points de plus que les hommes.

D'après le recensement de 1994, la région connaît un faible pourcentage de scolarisation des filles (27,5%) par rapport aux garçons (72,5%). Là aussi une disparité importante existe entre le milieu rural (23,2 %) et le milieu urbain (60,7%).
Le taux de la population active était seulement de 20,8% soit 39,4% pour les hommes et 3,4% pour les femmes (ce faible taux s'explique en grande partie par la non prise en compte d'une série d'activités exercées par les femmes).

Le taux de chômage des femmes était de 31,1%, touchant essentiellement les citadines et les plus jeunes, contre 15,6% pour les hommes.


d - les conditions sanitaires

L'éloignement des établissements sanitaires, la modestie de leur équipement affectent en premier lieu les femmes. Le taux des femmes qui accouchent à domicile (88%) en témoigne.




Références Bibliographiques :
World Development Report 2003
Dynamic Development in a Sustainable World
Commissioned by: Linda Likar
La Vallée du Dra : Developement Alternatif et Action Communautaire
Ahmed Zainabi - September, 2001


Réalisation et conception :
Pierre-Olivier Nicod : programmation, interface, charte graphique et bannière
Guy Nicod : graphismes, textes, cartes, photos et enregistrement audio.
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